Spectacle archivé en 2021


Dialogue entre une fille et son père
Une pièce produite par Rouge Banane Théâtre
pour deux comédiens et une danseuse
Texte et mise en scène de Bernard Lagarrigue
La distribution
Florence Célérier dans le rôle de la fille et Dominique Maurice dans celui du père
Fanette Lagarrigue, danseuse
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La technique
Création décors et lumières par Bernard Faure
Notons l’importance de la lumière dans cette pièce qui passe de moments intimistes à des scènes chorégraphiques.
Durée 65 mn
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Le synopsis
Un père déjà dans le 3ème âge, une fille qui arrive à la cinquantaine et entre les deux une complicité jamais démentie. Ils possèdent le même goût pour la littérature ou le théâtre, échangent souvent dans l’humour et savent faire preuve d’autodérision. Ainsi glissent-ils ensemble sur les vagues de la vie depuis si longtemps que rien ne semble pouvoir les arrêter. Seulement voilà, la maladie débarque pour lui et les questions qui vont avec. Il réfléchit, analyse, chemine pendant qu’elle est embarquée dans un rythme de travail de folie et une course contre le temps. Alors forcément ils ne possèdent pas la même vision des choses, n’envisagent pas l’avenir de façon identique. Ils défendent leurs idées avec force, se confrontent, s’affrontent jusqu’à ce que leur connivence intellectuelle les réunisse encore une fois.
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Thème
Finalement la fin de vie est un sujet comme les autres. D’aucuns y pensent avant, analysent leur propre cas, se documentent, s’ouvrent de leur choix à leur entourage, effectuent les démarches préalables. D’autres ne font rien, pas de choix, pas de décision, pas d’anticipation, ils attendent et attendent encore comme ils ont d’ailleurs attendu pour d’autres périodes de leur vie.
Autour de tout cela existe bien sûr, une chape de plomb culturelle, religieuse, sociétale. On crée bien des commissions de réflexion médicales, éthiques, parlementaires, on promulgue de petites lois pour montrer qu’on s’intéresse au sujet mais pendant ce temps-là les faits divers regorgent de suicides de personnes âgées plus ou moins sanglants, de familles qui se déchirent devant les tribunaux pour des malades déjà absents au monde depuis de trop nombreuses années.
Nul doute toutefois qu’entre l’inaction actuelle et les anticipations de « soleil vert » il y a de la place pour une réflexion de société tout autant qu’individuelle.
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L’auteur
Bernard Lagarrigue est auteur, comédien. Mais également Président du Comité départemental de l’Isère de la FNCTA. Fédération nationale des compagnies de théâtre amateur et d’animation.
Il a joué dans de nombreuses pièces de théâtre. Dont les auteurs sont Ionesco, Molière, Gombrowicz, Eric-Emmanuel Schmitt, Philippe Chignier…
Et mis en scène ses propres pièces : « Mam ! » et « Je n’attendrai pas qu’elle vienne ».
Auteur + d’infos
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Note de mise en scène
Sur un thème sensible et universel comme celui de la fin de vie, inutile de forcer sur le pathos, il est embarqué de fait. Nous avons donc choisi de procéder par petites touches pour souligner l’avancement de la maladie du père. De la même manière la constance de leur humour et de leur amour filial est projetée par petites bulles pour une aération d’un implacable avancement.
Lorsque la grande faucheuse s’avance les considérations matérielles passent au second plan et notre choix de décor s’est donc porté naturellement vers un grand dépouillement du plateau avec la seule présence de trois cubes qui vont d’ailleurs disparaitre au fur et à mesure de l’avancement de la pièce.
De la même manière les mots semblent parfois superflus et nous avons donc utilisé les talents d’une danseuse pour illustrer le propos en ayant soin toutefois que ses apparitions apportent un vrai plus tant pour la dramaturgie que pour l’esthétique d’ensemble.
Nous avons procédé de la même manière pour imaginer un univers sonore précis et en adéquation avec la gestuelle de notre danseuse.
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Presse
C’est l’histoire d’un vieux. Buté. Borné. Mais attachant. Il voit la fin du chemin. A l’horizon. Comme ta main apparaît au bout de ton bras. Son corps est usé. Il regarde en arrière. Le miroir de sa vie lui retourne une image paisible. Devoir accompli. Bien sûr, il aurait pu faire mieux. Mais il veut poser son sac à dos. Et partir le cœur léger. Vers un autre voyage. Le spectacle doit continuer. Sans lui. Il aime sa fille. Infirmière. Elle adore son père. Elle refuse qu’il parte. Elle refuse de le pousser à partir. Ethique professionnelle ou amour ? Sous la forme d’une danseuse, la vie accompagne cet homme. Elle le fait encore rêver. S’émouvoir. Sourire.
C’est beau. Poignant. Touchant. Dur également. Une chorégraphie gracieuse qui élève l’âme. Deux comédiens brillants. Humains. Naturels. Beaux dans leurs personnages qui te prennent aux tripes. Qui te renvoient l’écho de ta propre existence. Et posent les questions de la vie, de la mort. Et le comment Aimer. Une lumière douce et chaude comme une caresse de velours. Quelques pointes d’humour à la Audiard. Une ode à la sensualité de la vie que nous propose cette angélique danseuse aux pieds nus. Un poème à l’amour.
Guy Dieppedalle. Architecte de mots éphémères
Avril 2016